La déferlante multimédia

 

L’ordinateur fait sa révolution culturelle. Après le “Personal Computer”, le PC de bureau des années quatre-vingts, il s’ouvre aujourd’hui le chemin de la maison, grâce à une clé, le Multimédia. Et un mot de passe : l’interactivité.

Signe des temps, pour la première fois les français ont acheté plus d’ordinateurs que de voitures en 1994 : 1.8 million contre 1.7 million.

Plus symptomatique encore, l’ordinateur est placé en tête des inventions qui ont changé la vie des français au cours du XXème siècle, juste après la télévision.

Il occupe même la première place chez les moins de 35 ans. Raison majeure de cet engouement : l’équipement multimédia arrive à maturité.
Les machines parlent et chantent, reçoivent des messages téléphoniques et vous transportent dans le cyberspace. Forts de ces années, les constructeurs ont accéléré le mouvement en proposant des ordinateurs capables de tout faire, et bien. A tel point que le micro multimédia se positionnede plus en plus comme un concurrent direct de la télévision et des consoles de jeu.

Le micro multimédia a pour ambition de viser une clientèle qui ne connaît rien à l’informatique et ne veut surtout pas avoir à l’apprendre. Pour cela, il a à sa dispositionle fameux Microsoft Windows, outil qui transforme un simple micro-ordinateur en un environnement synonyme de convivialité. Contact: “Bienvenue sur votre ordinateur préféré” susurre une voix suave, avant de vous inviter à sélectionner, souris en main,une démonstration pilotée des possibilités de votre machine, car le consommateur moyen n’aime pas devoir consulter le manuel d’utilisation. C’est pourquoi le constructeur commercialise des machines dont l’accès et l’utilisation sont semblables à des chaînes HI-FI ou à des téléviseurs. D’où une floraison de nouveaux modèles qui peuvent transformer le micro ordinateur en téléphone, en fax, et en lecteur de CD-Rom ou de CD audio.

Chaque membre d’une famille peut donc allègrement pianoter selon ses goûts. Les enfants peuvent poursuivre une longue et pénible enquête dans l’univers mystérieux et sulfureux d’un jeu d’aventure ou apprendre à développer leur sens de l’observation avecun programme d’éveil. Les parents peuvent eux se remettre à apprendre l’anglais avec un professeur interactif sur l’écran ou visionner des extraits de leurs films préférés grâce aux CD-Rom, ou bien faire des comptes et gérer leur budget grâce à un logiciel de gestion des finances personnelles.

En fait, il faut se poser la question du type d’utilisation envisagée :lecture exclusive d’un CD-Rom, abonnement à des services en ligne et à Internet, création graphique ou musicale, manipulation de photos ou de vidéo.

Principal mode d’accès au multimédia,le CD-Rom a ouvert la voie des éducatifs et desencyclopédies. Grâce à des capacités de mémoire géantes (650 “mégas octets” soit l’équivalent de cent mille pages dactylographiées), le CD-Rom mélange textes, sons et images.

La puissance des micro processeurs, cerveau des appareils, permet de traiter rapidement des gros volumes d’information gravés sur lesCD-Rom. Tout est possible: enregistrer ses commentaires parlés dans un document de son choix (à l’aide d’un microphone) ou classer (et imprimer) ses photos de famille. Sans oublier le modem, qui ouvre les portes dumonde. Branché sur une ligne téléphonique, ilenregistre les messages, reçoit et envoie desfax. Il permet de se connecter sur Internet et aux services en ligne sur lesquels on peut fairedes achats, télécharger images et programmes.

Après la vague CD-Rom, la micro informatique se prépare à surfer sur d’autres déferlantes.

Nicolas Hinsinger

 

Livres ou ordinateurs ?

Un procès sans verdict...

Dans ce domaine, les opinions ne sont pas nuancées.

A la question, “le livre a-t-il un avenir?”, un juré répondra NON, un second OUI.

Mais, cessons un peu, je vous prie, d’être aussi impartiaux; pesons le pour, le contre; analysons les faits et en l’absence de preuves, faisons appel à notre bon sens.

L’avocat va s’attacher à défendre le faible, le livre, alors que le procureur va s’acharner à démontrer la supériorité de l’ordinateur. Mais raisonnons ensemble.

Le livre, certes, est un`support physique qui s’altère avec le temps et devient poussière. Mais, qu’y a-t-il de révolutionnaire au niveau de l’ordinateur ? Les disquettes s’altèrent tout autant et les données Informatiques sont également perdues un jour ou l’autre.Quelle différence, donc, entre un “livre papier” et un “livre écran” ?

Pour ce qui est du contenu, il est identique. Même avec toutes ces nouvelles technologies, le livre garde son but primordial: offrir à ses lecteurs un moment d’évasion, permettre aux individus de s’identifier à UN AUTRE qui sera leur modèle, leur inaccessible, leur utopie même, MAIS, qui fait vivre l’espoir d’un lendemain meilleur.

Le livre, c’est la fuite du monde réel; c’est, le soir, une pièce sombre, le feu dans la cheminée, un bon vieux fauteuil confortable et . . . quelques centaines de grammes qui nous transportent au loin.Et que devient cette ambiance devant l’ordinateur ? Un écran éblouissant qui affaiblit considérablement la vue, une position des plus fatigantes, le tout pour perdre un des sens du livre, le plus merveilleux et le plus implicite : l’environnement dans lequel on le lit.

Sans parler de l’esthétique; que préférer entre trois rangées de disquettes toutes aussi identiques les unes que les autres et deux rayons de livres aux couleurs variées, aux illustrations originales.

Notre société court dangereusement vers l’ère de l’uniformisation et nous nous devons de nous inquiéter pour l’Art. Nous devons donc nous efforcer de conserver le propre de l’Homme: l’oeuvre.

Et l’oeuvre réside dans la matière, dans le concret de la vie quotidienne et non dans ces boîtes carrées dont le seul cri est “COIN-COIN”.

Et pourtant, combien rencontrons-nous de gens atteints de ce virus, qui ne vivent que par et pour l’ordinateur. Un livre à lire, Au secours ! je ne pourrai jamais. Mais, trois documents à réaliser sur Photoshop, sans problème.

Leur argumentaire est très simple. Ils prétendent préparer le monde de demain; ils auront la chance de participer à un moment charnière de l’histoire de l’humanité et espèrent imposer leurs machines à tous sous prétexte que la communication du futur est celle d’Internet.

Pour cela, nous devons donc gagner un maximum de temps et rassembler au plus vite, l’ensemble des information sur un seul support.Il ne s’agit pas d’être rétrogrades, bien au contraire.

L’ordinateur est certes un outil extraordinaire, mais il doit rester OUTIL. La machine a été créée pour servir l’homme et non pas l’homme pour servir la machine. Donc, elle peut nous servir à écrire plus rapidement un livre, mais, ce dernier sera édité et restera un document papier.

Mais, ce débat reste ouvert, si débat il y a. Toute plaidoirie, aussi brillante soit-elle, ne saurait donner l’avantage au livre ou à l’ordinateur. Tous deux se côtoient sans jamais s’unir, ni divorcer d’ailleurs.

Et il n’appartient à personne, pas même à la Cour, de délibérer sur ce sujet.

Joëlle Guévremont

Depuis le boom de la micro-informatique et son apparition au sein des foyers, nous assistons en France à un débat national qui oppose les lecteurs récidivistes et les maniaques de l’ordinateur.

 

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